jeudi 29 septembre 2016

Grandir à l'école Arthur-Pinet - Vous avez dit, la petite école d'Eel River?

Pourquoi parler de la petite école d'Eel River Crossing? Pourquoi est-ce important dans nos vies de comprendre l'histoire d'une école de la sorte? Peut-être vous êtes-vous posé ces questions en vous demandant quelle mouche m'avait piqué lorsque j'ai voulu écrire des articles sur une école primaire. Pourquoi n'aurais-je pas pu parler d'Hillary et de Donald ou bien de Brad et d'Angelina comme tout le monde en ce moment, au lieu de parler d'une petite école dans un petit village oublié d'Amérique du Nord.

L'école Arthur-Pinet en 2014
Parce que chaque personne commence son chemin à quelque part... Et que souvent, le début du chemin est souvent le plus nébuleux dans nos souvenirs, mais c'est le moment le plus important, puisque c'est précisément à ce moment là que nous avons décidé d'entamer le chemin et que nous avons connu nos premières chutes malgré la décision de continuer d'avancer.

Derrière chaque grand homme et chaque grande femme, il y a une petite école, un petit village, un quartier populaire ainsi qu'une poignée de gens bien ordinaires qui agissent à titre de mentors extraordinaires. Je ne suis qu'un homme comme un autre, mais je dois tout ce que j'ai à ce petit village et à ces gens à qui je dois mes valeurs et mes réussites.

Dans ce billet, je ferai un petit tour guidé d'Eel River Crossing, pour ensuite me concentrer sur l'histoire de l'école Arthur-Pinet.

 Le centre du village en 2016
Crédits : Robert Hachey, Youtube

Eel River Crossing, "pour les nuls"

Peut-être avez-vous déjà entendu parler d'Eel River Crossing, que ce soit par la visite de ce petit village ou bien par un ami. Pour être précis, ce petit village de 1 300 habitants (ici, j'exclus Dundee, puisqu'au moment où l'école fut en opération, Dundee ne faisait pas encore partie de la communauté) se trouve quelque à une vingtaine de kilomètres à l'est de Campbellton et à environ 80 km à l'ouest de Bathurst. Ce petit village est situé à proximité de la ville de Dalhousie, le point le plus au nord du Nouveau-Brunswick.

Bien que son nom soit anglophone, le village d'Eel River Crossing est composé d'une majorité de francophones. La plupart de ces gens se disent de descendance acadienne.
L'étude de la carte du village vous fera certainement remarquer qu'il a une particularité d'avoir un noyau "urbain". En fait, lorsqu'on arrive dans le centre du village, entre le chemin de fer et le Participarc, les maisons sont davantage collées et l'on retrouve des commerces comme une épicerie et une quincaillerie. Autrefois, cet endroit était plus vibrant, mais le noyau existe toujours. 


Ancien logo du village

Pour comprendre Eel River Crossing, il faut comprendre les différents éléments qui forment cette communauté. D'ailleurs, l'ancien logo du village illustre bien ces éléments
La rivière Eel

D'abord, on peut parler de la rivière. C'est l'endroit qui a donné le toponyme du village. Dès le début de son histoire, la rivière a été importante, soit que ce soit pour le transport, pour la pêche ou pour le loisir. Bien entendu, on y trouvait des anguilles dans cette rivière.

La brigade d'incendie d'Eel River C.

En second lieu, la brigade des pompiers. La brigade est, depuis 1948, la fierté du village. Très efficace, elle a toujours été là pour servir, même au niveau international (rappelez-vous de l'accident d'avion de 1996... Je connais assez bien la brigade et ceux qui la fréquentaient, puisque mon père était pompier volontaire. Pour tout dire, vous raconter l'histoire des gens qui la fréquente me permettrait d'écrire la télésérie "Cheers" à l'acadienne. Notons que le chef Maurice Bujold compte plus de 30 années de service en poste, ce qui lui a valu le prix de citoyen de l'année 2016. D'ailleurs, en 2017, ce dernier cumulera 50 ans de service en tant que pompier volontaire.

Église Ste-Trinité d'Eel River Crossing

Troisièmement, l'église Ste-Trinité. Comme le village renferme une majorité de catholiques, ce n'est pas une coïncidence si cette église figure sur le logo du village. Construite en 1965, pour remplacer une église trop petite, elle a vu de nombreuses personnes s'y rendre, s'y marier et même, enterrées. J'ai beaucoup de mémoires de cet endroit, plusieurs très heureuses, mais certaines un peu tristes, dans le cas des enterrements par exemple.

Finalement, on retrouve le symbole de l'école Arthur-Pinet. Ce sont un petit garçon et une petite fille séparés par un enseignant (avec les mains d'un guide), installé sur un livre qui représente le Savoir. C'est le sujet de cette série de billets.

Sans oublier la croix, qui représente la traverse (en anglais, crossing). C'est le chemin de fer qui traverse notre village depuis 1874 qui a donné le nom "crossing" à Eel River Crossing.

D'autres lieux importants du village pourraient être la salle paroissiale (la fameuse "salle bleue ou beige", construite en 1948), le Participarc, la patinoire avec toit couvert, etc. Sans oublier les multiples commerces et industries qui se trouvent un peu partout.

Un bref historique de l'école

  En 1960, on a décidé de construire une école moderne en face de l'église catholique Ste-Trinité. Cette école devait héberger des élèves de la 1re à la 9e année, venant de tous les coins du village. Je dois rappeler que le village d'Eel River Crossing était autrefois beaucoup plus petit qu'aujourd'hui. On donna un nom à cette petite école, celui d'Arthur Pinet, un sous-ministre œuvrant sous le gouvernement libéral de Louis J. Robichaud.

Au cours des années, le village s'agrandit et la population augmenta. Dans les années 1980, l'école était remplie à capacité et il fallut ajouter des roulottes pour les élèves d'extra. Il y avait à l'époque plus de 200 élèves. C'est alors que sous les rennes du directeur Eugène Thériault, qu'on décida de construire une rallonge, avec une bibliothèque moderne, un gymnase/cafétéria/auditorium, une salle de musique et des bureaux autour de 1988 et 1989. Le gymnase fut nommé en l'honneur de Monsieur Thériault, qui mourut au début des années 1990.

Au tournant des années 2000, la population scolaire chuta dramatiquement. En l'espace de 15 ans, on passa de 200 élèves à moins de 100. Il en fut de même pour les autres écoles de la région. C'est alors qu'on commença à parler de construire une école régionale. Cette école fut terminée en 2011 à Balmoral, ce qui marqua la fin officielle de l'École Arthur Pinet. À l'automne 2011, le bâtiment était vide.

Dans les années qui suivirent, il y eut beaucoup de discussion concernant l'avenir du bâtiment. Toutefois, rien ne fut accompli et l'ancienne école tomba en décrépitude. La moisissure rongeait le tout. C'est alors qu'en 2015 il fut décidé de la démolir. À l'été 2016, l'école Arthur-Pinet n'était plus qu'un souvenir du passé...

À suivre - Le prochain billet portera sur ceux et celles qui ont enseigné et travaillé dans cette école.

jeudi 22 septembre 2016

Grandir à l'école Arthur-Pinet - Introduction

Qui se souvient des années 1990? Vous vous rappelez surement les beaux habits d'hiver aux couleurs fluo qui faisaient contraste à la neige blanche ou grise? Ou peut-être avez-vous déjà eu la coupe Longueuil (aussi communément appelé le "Mullet") ou bien la coupe champignon (qui était unisexe)? Vous souvenez-vous des nouilles en paquet qu'on faisait bouillir dans l'eau et qui étaient très délicieuses (mais très salées)? Ou bien, simplement du Canal Famille, avec ses émissions variées? Ce sont tous des souvenirs qui m'ont marqué dans les années 1990.


L'école Arthur-Pinet, probablement au début des années 2000.

Cela dit, parmi mes plus beaux souvenirs de vie ont été passé dans un édifice que beaucoup d'entre vous avez fréquenté, l'École Arthur-Pinet! Établie en 1960 (construite, oui, mais je préfère le verbe établie, car il s'agit de plus qu'un édifice), elle a subi des rénovations majeures à la fin des années 1980, pour ensuite être abandonnée en 2011 et finalement démolie en 2016.
 
Cet édifice, malgré que peu d'entre nous le savaient à l'époque, abritait parmi les meilleurs enseignants que nous aurions pu avoir, des gens qui croyaient en nous, qui nous aimaient, qui voulaient rendre nos vies meilleures. C'est ici que beaucoup d'entre nous avons appris à lire, à vivre ensemble, à jouer, à aimer. C'est ici que beaucoup d'entre nous avons connu nos premiers échecs et que nous nous sommes remis sur pied. C'est ici que beaucoup d'entre nous avons laissé notre doux foyer pour commencer notre parcours dans le monde. C'est ici que toute la communauté convergeait, la municipalité, l'église (et la paroisse), les pompiers, etc. Or, cette convergence amena à former les bases de qui nous sommes.

Alors, dans les prochains mois (il faudra être patient, car j'ai plusieurs projets sur la table en ce moment) je préparerai une série de billets sur l'École Arthur-Pinet. Si comme moi, vous avez eu un pincement au coeur lorsque l'édifice fut détruit; si vous avez encore de beaux souvenir de cette école et des gens qui la fréquentaient; ou même, si vous désirez en savoir plus sur les années 1990 et la vie dans une petite communauté comme Eel River Crossing, ces billets sont pour vous!

À suivre! - La prochaine fois, je vous propose un billet de mise en contexte sur l'environnement de l'école, c'est-à-dire, la vie à Eel River Crossing dans les années 1990, avec quelques faits, exactement comme je l'ai connue.